Le roi Henri III
En 1216, à l'âge de neuf ans, le jeune Henri devient le roi Henri III d'Angleterre. Sa longévité sur le trône ne sera surpassée que par George III en 1816. Son règne a été marqué par des changements turbulents et spectaculaires, avec des rébellions menées par les barons et la confirmation de la Magna Carta.
Henry est né en octobre 1207 au château de Winchester, fils du roi Jean et d'Isabelle d'Angoulême. Si l'on sait peu de choses sur son enfance, son père, le roi Jean, est décédé en octobre 1216, au beau milieu de la première guerre des barons. Le jeune Henry a hérité de son manteau et de tout le chaos qui l'accompagnait.
Henri avait hérité non seulement du royaume d'Angleterre, mais aussi du réseau plus vaste de l'empire angevin, comprenant l'Écosse, le Pays de Galles, le Poitou et la Gascogne. Ce domaine avait été obtenu par son grand-père, Henri II, dont il portait le nom, et consolidé plus tard par Richard Ier et Jean.
Malheureusement, les terres se sont quelque peu réduites sous le règne du roi Jean, qui a cédé le contrôle de la Normandie, de la Bretagne, du Maine et de l'Anjou à Philippe II de France.
L'effondrement de l'empire angevin et le refus du roi Jean de respecter la Grande Charte de 1215 précipitent les troubles civils ; le futur Louis VIII soutenant les rebelles, le conflit est inévitable.
Le jeune roi Henri a hérité de la première guerre des barons, avec tout le chaos et les conflits qui ont suivi le règne de son père.
Couronnement du roi Henri III
Comme il n'est pas encore majeur, Jean a prévu un conseil composé de treize exécuteurs testamentaires qui assisteront Henri. Il est confié à l'un des chevaliers les plus connus d'Angleterre, William Marshal, qui anoblit Henri, tandis que le cardinal Guala Bicchieri supervise son couronnement le 28 octobre 1216 à la cathédrale de Gloucester. Son second couronnement a lieu le 17 mai 1220, à l'abbaye de Westminster.
Bien qu'il soit beaucoup plus âgé, William Marshall a servi de protecteur au roi et a réussi à vaincre les rebelles à la bataille de Lincoln.
Lincoln était connue pour avoir été loyale aux forces de Louis VIII et les hommes d'Henri étaient donc désireux de faire un exemple de la ville, attrapant les soldats français qui fuyaient vers le sud ainsi que de nombreux barons traîtres qui s'étaient retournés contre Henri.
En septembre 1217, le traité de Lambeth impose le retrait de Louis et met fin à la première guerre des barons, mettant ainsi un terme à l'animosité.
Le traité lui-même reprenait des éléments de la Grande Charte qu'Henri avait rééditée en 1216, une forme plus diluée de la charte émise par son père le roi Jean. Le document plus connu sous le nom de Grande Charte était destiné à régler les différends entre royalistes et rebelles.
En 1225, Henri se retrouve à rééditer la charte, dans le contexte de l'attaque de Louis VIII contre les provinces d'Henri, le Poitou et la Gascogne. Se sentant de plus en plus menacés, les barons décident de ne soutenir Henri que s'il réédite la Magna Carta.
Le document reprenait en grande partie le contenu de la version précédente et reçut le sceau royal après la majorité d'Henri, réglant les conflits de partage du pouvoir et accordant plus d'autorité aux barons.
La Charte allait s'ancrer de plus en plus dans la gouvernance et la vie politique anglaises, une caractéristique qui se poursuivit sous le règne du fils d'Henri, Édouard Ier.
L'autorité de la Couronne étant visiblement limitée par la charte, certaines questions baronniales plus urgentes, telles que le patronage et la nomination des conseillers royaux, n'étaient toujours pas résolues. De telles incohérences ont nui au règne d'Henri et l'ont soumis à de nouvelles contestations de la part des barons.
Le pouvoir officiel d'Henri n'entre en vigueur qu'en janvier 1227, lorsqu'il atteint sa majorité. Il continuera à s'appuyer sur les conseillers qui l'ont guidé dans sa jeunesse.
L'un d'entre eux, Hubert de Burgh, devient très influent à sa cour, mais quelques années plus tard, la relation se dégrade lorsque de Burgh est démis de ses fonctions et emprisonné.
Pendant ce temps, Henri se préoccupe de ses revendications ancestrales sur les terres de France, qu'il définit comme le "rétablissement de ses droits". Malheureusement, sa campagne de reconquête de ces terres s'avère chaotique et frustrante, sans succès, avec une invasion en mai 1230. Au lieu d'envahir la Normandie, ses forces marchent vers le Poitou avant d'atteindre la Gascogne où une trêve est conclue avec Louis, qui durera jusqu'en 1234.
Avec peu de succès, Henry est bientôt confronté à une nouvelle crise lorsque Richard Marshal, le fils du fidèle chevalier d'Henry William Marshal, mène une révolte en 1232. La rébellion a été instiguée par Peter De Roches, le nouveau pouvoir du gouvernement, soutenu par des factions poitevines dans le comté.
Peter des Roches abuse de son autorité, contourne les procédures judiciaires et dépouille ses opposants de leurs domaines, ce qui amène Richard Marshal, troisième comte de Pembroke, à demander à Henry de faire davantage pour protéger leurs droits, comme le stipule la Grande Charte.
Cette animosité ne tarde pas à se transformer en conflit civil : Des Roches envoie des troupes en Irlande et dans le sud du Pays de Galles, tandis que Richard Marshal s'allie au prince Llewelyn.
Les scènes chaotiques n'ont été tempérées que par l'intervention de l'Église en 1234, sous la conduite d'Edmund Rich, l'archevêque de Canterbury, qui a conseillé le renvoi de Des Roches et négocié un accord de paix.
Après ces événements dramatiques, l'approche d'Henri en matière de gouvernance a changé : il a gouverné son royaume personnellement plutôt que par l'intermédiaire d'autres ministres et individus, et a choisi de rester plus longtemps dans le pays.
Le roi Henri III et Aliénor de Provence
Dans sa vie privée, il épouse Éléonore de Provence, dont il aura cinq enfants. Son mariage est un succès et on dit qu'il est resté fidèle à sa femme pendant les trente-six années de leur vie commune. Il a également veillé à ce qu'elle joue un rôle important en tant que reine, en s'appuyant sur son influence dans les affaires politiques et en lui accordant son patronage, ce qui lui a assuré une certaine indépendance financière.Il l'a même nommée régente pendant qu'il était à l'étranger en 1253, tant la confiance qu'il avait en sa femme était grande.
Pendant son règne, l'abbaye de Westminster a été reconstruite ; bien que disposant de peu de fonds, Henry a estimé qu'il s'agissait d'un projet important et a supervisé son achèvement.
En matière de politique intérieure et internationale, les décisions d'Henri ont eu des répercussions majeures, en particulier l'introduction du Statut des Juifs en 1253, une politique caractérisée par la ségrégation et la discrimination.
Auparavant, au début de la régence d'Henri, la communauté juive d'Angleterre avait prospéré grâce à l'augmentation des prêts et de la protection, malgré les protestations du pape.
Néanmoins, en 1258, la politique d'Henri change radicalement, s'alignant davantage sur celle de Louis de France. Il soutire aux Juifs d'énormes sommes d'argent sous forme d'impôts et sa législation apporte des changements négatifs qui lui aliènent certains barons.
Bataille de Taillebourg, 1242
Pendant ce temps, à l'étranger, Henri concentre ses efforts sur la France, sans succès, ce qui conduit à une nouvelle tentative ratée à la bataille de Taillebourg en 1242. Ses efforts pour sécuriser l'empire angevin perdu de son père ont échoué.
Au fil du temps, ses mauvaises décisions l'ont conduit à manquer cruellement de fonds, notamment lorsqu'il a proposé de financer les guerres papales en Sicile en échange du couronnement de son fils Edmond.
En 1258, les barons exigent des réformes et initient un coup d'État, prenant ainsi le pouvoir à la couronne et réformant le gouvernement avec les Provisions d'Oxford.
Cette mesure marque l'avènement d'un nouveau gouvernement, qui abandonne l'absolutisme de la monarchie et le remplace par un Conseil privé composé de quinze membres. Henry n'a pas d'autre choix que de participer et de soutenir les Provisions.
Henri se tourne alors vers Louis IX pour obtenir son soutien, en acceptant le traité de Paris et, quelques années plus tard, en janvier 1264, en comptant sur le roi de France pour arbitrer les réformes en sa faveur. Par la mise d'Amiens, les dispositions d'Oxford sont annulées et les éléments les plus radicaux du groupe rebelle des barons sont prêts pour une deuxième guerre.
Louis IX, médiateur entre le roi Henri III et les barons
En 1264, sous la direction de Simon de Montfort, les combats reprennent et la deuxième guerre des barons s'engage.
Voir également: Chemin de fer de Settle à CarlisleC'est à cette époque que se produit l'une des victoires les plus décisives pour les barons. Simon de Montfort, le chef des armées, devient de facto le "roi d'Angleterre".
Lors de la bataille de Lewes en mai 1264, Henry et ses forces se retrouvent dans une position vulnérable, les royalistes étant submergés et vaincus. Henry lui-même est fait prisonnier et contraint de signer la mise de Lewes, transférant ainsi son pouvoir à Montfort.
Heureusement pour Henri, son fils et successeur Édouard réussit à s'échapper et à vaincre de Montfort et ses forces lors d'une bataille à Evesham un an plus tard, libérant ainsi son père.
Voir également: La bataille de CullodenBien qu'Henri soit désireux de se venger, il modifie sa politique sur les conseils de l'Église afin de conserver le soutien de la baronnie, dont il a grand besoin et qui est plutôt en difficulté. Il renouvelle son engagement envers les principes de la Grande Charte et publie le Statut de Marlborough.
À l'approche de la fin de son règne, Henri a passé des décennies à négocier et à résister à des contestations directes de son pouvoir.
En 1272, Henri III décède, laissant à son successeur et fils aîné, Edward Longshanks, un paysage politique et social torride.
Jessica Brain est une rédactrice indépendante spécialisée dans l'histoire, basée dans le Kent et amoureuse de tout ce qui est historique.