Titus Oates et le complot popiste

 Titus Oates et le complot popiste

Paul King

"Ses yeux étaient enfoncés, sa voix était dure et forte,

Signes certains qu'il n'était ni colérique ni orgueilleux :

Son long menton prouvait son esprit, sa grâce de saint

Un vermillon d'église et un visage de Moïse".

Cette description peu flatteuse de John Dryden, premier poète officiel d'Angleterre, décrit le personnage de Titus Oates, surtout connu pour avoir orchestré le "complot popiste".

Ce prêtre anglais est l'homme qui a inventé l'histoire d'un complot catholique visant à tuer le roi Charles II, ce qui a eu d'énormes conséquences et a entraîné la perte de la vie de nombreux Jésuites innocents.

Titus Oates

Né à Rutland dans une famille de tisseurs de rubans du Norfolk, Titus a fait ses études à l'université de Cambridge, bien qu'il se soit montré peu prometteur dans un cadre académique. Il a en effet été qualifié de "grand cancre" par l'un de ses tuteurs et a fini par quitter l'université sans diplôme.

En mai 1670, il est ordonné prêtre de l'Église d'Angleterre et devient ensuite vicaire à Hastings.

Dès son arrivée, il commence à semer la zizanie. Désireux d'obtenir le poste de maître d'école, Oates décide d'accuser l'actuel titulaire du poste de sodomie avec un élève. L'enquête est rapidement menée et s'avère fausse, ce qui vaut à Titus d'être accusé de parjure.

S'empressant de fuir la scène du crime, Titus réussit à s'échapper de prison et à s'enfuir à Londres.

Cependant, l'opportuniste Titus, qui fuit les accusations de parjure, réussit à se faire nommer aumônier du navire de la Royal Navy, le HMS Adventure.

Alors que le navire fait escale à Tanger, Titus se retrouve dans l'eau chaude car il est accusé de sodomie, ce qui, à l'époque, est un crime capital et lui vaut d'être renvoyé de la marine un an seulement après son entrée dans l'armée.

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En août, de retour à Londres, il est à nouveau capturé et arrêté, et contraint de retourner à Hastings pour répondre aux accusations qui pèsent sur lui. Incroyablement, Oates parvient à s'échapper une seconde fois. Fort de son expérience de criminel en cavale, il reçoit l'aide d'un ami et peut rejoindre un foyer en tant qu'aumônier anglican.

Comme on pouvait s'y attendre compte tenu de ses antécédents atroces et de son comportement, sa position dans le foyer a été de courte durée et il est reparti.

Le rebondissement de cette histoire survient en 1677, lorsque Oates rejoint l'Église catholique. À la même époque, il s'associe à un homme appelé Israel Tonge, connu pour son rôle dans la provocation de l'hostilité anti-catholique. Tonge produit des articles qui épousent de nombreuses théories du complot et sa haine des Jésuites est bien documentée.

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À cette époque, la conversion déconcertante de Titus au catholicisme aurait choqué Tonge, bien qu'il ait affirmé plus tard qu'elle avait été faite dans le but de se rapprocher de l'infiltration des Jésuites.

Titus Oates quitte alors l'Angleterre et rejoint le collège jésuite de St Omer, se disant "endormi par les attraits des Syrènes popistes".

Il entre ensuite au collège jésuite anglais de Valladolid, d'où il est renvoyé, car sa méconnaissance du latin et ses blasphèmes posent rapidement des problèmes à l'école et il est contraint de la quitter.

Sa réadmission à St Omer, en France, est une fois de plus de courte durée et ses agissements troubles le conduisent à nouveau sur le même chemin, celui de l'expulsion.

Après avoir réussi à s'aliéner les personnes avec lesquelles il était entré en contact, et plein du vitriol dont il avait besoin pour concocter des théories du complot, il est retourné en Angleterre et a renoué avec son vieil ami Israel Tonge.

Ensemble, ils rédigent un manuscrit reflétant le dur sentiment anticatholique des deux individus. Les accusations contenues dans le texte se résument à un "complot popiste" concocté soi-disant par les Jésuites qui préparaient l'assassinat du roi Charles II.

Roi Charles II

L'appétit pour un tel complot était grand et les Jésuites en particulier étaient visés, car les catholiques non jésuites étaient prêts à prêter serment d'allégeance au roi, mais les Jésuites s'étaient opposés à un tel accord.

Compte tenu de la gravité d'une telle revendication, l'affaire est prise au sérieux et, en août 1678, le roi lui-même est averti de l'existence d'un tel complot.

La gestion des accusations a été confiée au comte de Danby, Thomas Osborne, qui était l'un des ministres du roi.

Oates rencontrera ensuite le Conseil privé du roi, présentant un total de 43 allégations, ce qui revient à dire que plusieurs centaines de catholiques sont impliqués dans cette fabrication.

Le mensonge a été réalisé avec un remarquable sens de la conviction par Oates, qui a inclus dans ses accusations un certain nombre de personnalités de premier plan, dont Sir George Wakeman, médecin de la reine Catherine de Bragance.

Avec l'aide du comte de Danby, Oates réussit à étendre ses mensonges au conseil, la liste des accusés continuant à s'allonger pour atteindre près de 81 accusations distinctes, dont un certain nombre de personnes de haut rang.

Incroyablement, malgré ses antécédents en matière de mensonges, d'évasion judiciaire et d'agitation générale, Oates s'est vu confier une escouade chargée de commencer à rassembler les jésuites.

De plus, Oates a prouvé qu'il était prêt à tout utiliser à son avantage, y compris la mort d'un magistrat anglican, Sir Edmund Berry Godfrey, à qui Oates avait fait une déclaration sous serment détaillant ses accusations.

Le meurtre du magistrat a été manipulé par Oates pour lancer une campagne de diffamation contre les Jésuites.

Les mensonges d'Oates se sont multipliés.

En novembre 1678, Oates prétend que la reine tente d'empoisonner le roi et qu'il s'est entretenu avec le régent d'Espagne à Madrid, ce qui le met en porte-à-faux avec le roi qui a personnellement rencontré Don John à Bruxelles. Voyant son tissu de mensonges et Oates ne parvenant pas à décrire avec précision l'apparence du régent d'Espagne, le roi ordonne qu'Oates soitarrêté.

Au lieu d'être puni, il reçut une allocation annuelle et un appartement à Whitehall, ce qui lui valut les éloges de ceux qui avaient adhéré à l'hystérie anticatholique de l'époque.

Les soupçons du roi n'étant même pas suffisants pour condamner Oates, près de trois ans se sont écoulés avec des exécutions de catholiques innocents, avant que les gens ne commencent à remettre en question la légitimité de ces affirmations scandaleuses.

Le doute commence à s'installer et le Lord Chief of Justice, William Scroggs, multiplie les verdicts d'innocence.

À la fin de l'été 1681, Oates est sommé de quitter Whitehall, mais il ne montre aucune intention de partir et a même l'audace de calomnier le roi ainsi que son frère, le duc d'York, qui est catholique.

Finalement, les soupçons, les affirmations, la tromperie et la calomnie l'ont rattrapé et il a été arrêté pour sédition, condamné à une amende et emprisonné.

Lorsque le roi catholique Jacques II monte sur le trône en 1685, Oates est condamné à la prison à vie, avec l'obligation de se faire fouetter dans les rues de la ville pendant cinq jours chaque année jusqu'à sa mort. L'humiliation et les coups publics étaient la seule alternative à une condamnation pour parjure qui n'était pas passible de la peine de mort.

Pendant trois ans, Oates reste en prison, avant de voir sa fortune s'inverser lorsque le protestant Guillaume d'Orange le gracie pour ses crimes et lui accorde même une pension pour ses efforts.

Il mourut finalement en juillet 1705. Personnage solitaire, déshonoré et de mauvaise réputation, il laissa dans son sillage une traînée de destruction massive. Un grand nombre de martyrs jésuites avaient souffert de la fausseté propagée par Oates, mourant en prison ou le jour de leur exécution. Leur détermination n'avait cependant pas diminué, comme l'aurait noté un observateur :

"Les Jésuites ne craignent ni la mort ni le danger, pendez-en autant que vous voudrez, d'autres sont prêts à prendre leur place".

Jessica Brain est une rédactrice indépendante spécialisée dans l'histoire, basée dans le Kent et amoureuse de tout ce qui est historique.

Paul King

Paul King est un historien passionné et un explorateur passionné qui a consacré sa vie à découvrir l'histoire captivante et le riche patrimoine culturel de la Grande-Bretagne. Né et élevé dans la campagne majestueuse du Yorkshire, Paul a développé une profonde appréciation pour les histoires et les secrets enfouis dans les paysages anciens et les monuments historiques qui parsèment la nation. Diplômé en archéologie et en histoire de la célèbre université d'Oxford, Paul a passé des années à fouiller dans les archives, à fouiller des sites archéologiques et à se lancer dans des voyages aventureux à travers la Grande-Bretagne.L'amour de Paul pour l'histoire et le patrimoine est palpable dans son style d'écriture vif et convaincant. Sa capacité à transporter les lecteurs dans le temps, en les plongeant dans la fascinante tapisserie du passé britannique, lui a valu une réputation respectée en tant qu'historien et conteur distingué. Grâce à son blog captivant, Paul invite les lecteurs à se joindre à lui pour une exploration virtuelle des trésors historiques de la Grande-Bretagne, en partageant des idées bien documentées, des anecdotes captivantes et des faits moins connus.Avec la ferme conviction que la compréhension du passé est la clé pour façonner notre avenir, le blog de Paul sert de guide complet, présentant aux lecteurs un large éventail de sujets historiques : des énigmatiques anciens cercles de pierre d'Avebury aux magnifiques châteaux et palais qui abritaient autrefois rois et reines. Que vous soyez un aguerriPassionné d'histoire ou quelqu'un qui cherche une introduction au patrimoine passionnant de la Grande-Bretagne, le blog de Paul est une ressource incontournable.En tant que voyageur chevronné, le blog de Paul ne se limite pas aux volumes poussiéreux du passé. Avec un sens aigu de l'aventure, il se lance fréquemment dans des explorations sur place, documentant ses expériences et ses découvertes à travers de superbes photographies et des récits captivants. Des hautes terres accidentées d'Écosse aux villages pittoresques des Cotswolds, Paul emmène les lecteurs dans ses expéditions, dénichant des trésors cachés et partageant des rencontres personnelles avec les traditions et coutumes locales.Le dévouement de Paul à la promotion et à la préservation du patrimoine de la Grande-Bretagne s'étend également au-delà de son blog. Il participe activement à des initiatives de conservation, aidant à restaurer des sites historiques et à éduquer les communautés locales sur l'importance de préserver leur héritage culturel. Par son travail, Paul s'efforce non seulement d'éduquer et de divertir, mais aussi d'inspirer une plus grande appréciation de la riche mosaïque du patrimoine qui existe tout autour de nous.Rejoignez Paul dans son voyage captivant à travers le temps alors qu'il vous guide pour percer les secrets du passé britannique et découvrir les histoires qui ont façonné une nation.